Premières réflexions sur l'extension du parc Chimay-Baileux

Publié le par minique

Le présent projet constitue le prolongement du parc éolien Chimay-Baileux (4 éoliennes mises en service en 2009 auxquelles se sont ajoutées 5 autres turbines en 2014).

Il se trouve en zone agricole sur un plateau d’orientation est-ouest situé entre les massifs boisés de la Fagne au Nord et de la Thiérache au Sud. Le paysage environnant fait partie de la « dépression fagnarde » et des « replats de Chimay-Couvin », autrement dit de l’ensemble de la « dépression de Fagne-Famenne et de sa bordure sud » selon l’inventaire des territoires paysagers de Wallonie. L‘intérêt paysager y est non négligeable.

La proximité de zones Natura 2000 exige une évaluation appropriée des incidences sur les espèces qu’elles recèlent.

Le milieu biologique présente des habitats intéressants (alternance de zones agraires, haies, talus herbeux) et une grande diversité d’oiseaux nicheurs ou de passage lors de leur migration dont certains rares ou protégés.

Les éoliennes de Chimay-Baileux sont en plein milieu de l’axe migratoire des oiseaux qui suivent la vallée de l’Eau Blanche, comme la Cigogne noire, le Milan noir, le Milan royal, le Balbuzard pêcheur, le faucon pèlerin, le Busard des roseaux, etc. Pour toutes ces espèces, on ne peut donc se permettre l’addition d’un facteur supplémentaire, vu la précarité de leur statut, tel l’extension du parc éolien qui intensifierait cet obstacle. À force d’implanter de nouvelles éoliennes, ne risque-t-on pas de descendre sous un seuil d’irréversibilité de reconstitution des populations ? Beaucoup d’oiseaux hivernent aux alentours (par ex. les grandes Aigrettes) que ce soient dans les plaines environnantes, les prairies humides et les plans d’eaux tout proches. L’étang de Virelles et toute sa richesse en avifaune (dont beaucoup d’anatidés) se trouve à proximité du site (Vérifier la distance des 2 km à respecter quand nous connaitrons les coordonnées Lambert des différentes éoliennes). L’été, les Cigognes blanches (installées à Virelles) sont régulièrement croisées sur le futur site d’implantation. Quels terrains de chasse leur restera-t-il finalement ?

Les impacts des éoliennes sur les chauves-souris doivent être pris en compte car certaines espèces sont particulièrement menacées ; or le Grand Rhinolophe, le Vespertilion à oreilles échancrées, le Vespertilion des marais sont répertoriés aux alentours (zone Natura 2000 BE32036 dont fait partie la grotte de Lompret).

Le patrimoine local est important avec de nombreux monuments classés et un patrimoine immatériel bien représenté. Le théâtre du château de Chimay et le site formé par le Franc Bois à Lompret sont répertoriés comme patrimoine exceptionnel. Tout cet ensemble contribue grandement à l’économie locale grâce au tourisme qu’il engendre et dont Chimay est le pôle central.

Quel sera l’impact sur le hameau des « Neufs Maisons » déjà bien malmené avec le parc existant ? Et pour les habitants de Baileux ?

La région de Chimay-Momignies est principalement alimentée par le réseau électrique français. Aujourd’hui la capacité d’accueil disponible sur le réseau est saturée. De nouvelles éoliennes exigeront une restructuration complète du réseau avec un passage progressif en 150 kV au lieu des 70 kV actuels nécessitant le démantèlement de plusieurs lignes 70 kV et le passage de câbles 150 kV, un nouveau transformateur devra être construit. Or Elia ne prévoit, pour notre région, des travaux qu’après 2030. Des accords préalables avec le réseau RTE devront être introduits. A quoi serviront de nouvelles éoliennes si le réseau ne peut phagocyter cette nouvelle production ?

Les éoliennes prévues par WE Chimay posséderont une puissance de production maximale de 15 mW. Cela représente 5 mW par éolienne (par comparaison celles de New Wind feront entre 3,2 et 3,9 mW et celles d’Elicio auront une puissance de 3,4 à 5,6 mW). Quelle sera la taille de ces nouveaux mâts et l’importance de leur impact visuel même à distance ?

Ce développeur nous promet une installation de stockage de l’électricité produite mais quel système le permettra-t-il ? Et quel en sera l’intérêt si on ne peut utiliser cette électricité ? Il existe plusieurs solutions de stockage de l’électricité produite par les éoliennes mais aucune ne semble convenir pour le site, de plus elles ont un coût non négligeable et industrialise un peu plus nos campagnes :

  • Les batteries (lithium-Ion ou Sodium-Soufre) ou super-condensateurs ne sont utiles que pour un stockage à court terme et pour des volumes d’électricité produite beaucoup moins importants.
  • Les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) sont des installations hydroélectriques avec deux bassins de retenue d’eau. Aux heures creuses l’eau est pompée du bassin inférieur vers le bassin supérieur. Quand il y a une forte consommation en électricité, l’eau du bassin supérieur est turbinée vers le bassin en aval et produit ainsi de l’électricité. Il faut donc avoir des zones de relief (pas vraiment le cas dans une plaine) et un renforcement des lignes de transport d’électricité depuis cette station (encore des travaux et puis où injecter cette production ?).
  • La solution chimique qui convertit l’électricité en hydrogène (Power to Gas) semble être une solution d’avenir. L’hydrogène peut ensuite être injecté dans les réseaux de gaz naturel (que nous n’avons pas), en l’état (dans une limite d’environ 20%), ou après avoir été associé à du CO2 pour le convertir en méthane de synthèse (réaction de méthanation), il peut alimenter des véhicules à hydrogène (qui en a ?), peut être consommé à des fins industrielles ou être reconverti en électricité via une pile à combustible (mais avec quel catalyseur ? Du platine ?). Bref, c’est remplacer nos pets de vaches par du méthane éolien 😉 C’est pas beau ça ?

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