Les chiroptères (2)
Tableau d’enjeu régional pour les chauves-souris résidentes et migratrices en Wallonie[1]
Il faudra éviter une implantation à proximité des gîtes de reproduction ou d’hivernage connus ainsi que trop près d’habitat de terrains de chasse connus (lisières forestières, haies, plans d’eau, etc.). De plus, les éoliennes seront arrêtées pendant les périodes d’activité de colonies de chauves-souris particulièrement rares (durant certaines périodes de l’année, suivant les conditions météorologiques).
Il existe un accord sur la conservation des chauves-souris européennes, ou Eurobats, qui est un traité international concernant la conservation des chiroptères. Celui-ci donne des lignes directrices pour la prise en compte des chauves-souris dans les projets éoliens[1]. Ainsi en Wallonie, quand des espèces sensibles de chauves-souris (Eptesicus serotinus, Eptesicus nilssoni, Nyctalus leisleri, Nyctalus noctula, Pipistrellus nathusii, Vespertilio murinus) sont détectées lors de l’étude d’impact, la mise en drapeau des pâles est appliquée au-dessous de 7 m/sec (vitesse de vent mesurée à hauteur de nacelle), pendant 6 heures à partir du coucher du soleil, du 1er avril au 31 octobre, quand la température est supérieure à 8°C si le projet est implanté à plus de 300 mètres (ou 10°C en plaine) et en l’absence de pluie. Pendant les périodes de migration, entre le 1er avril et le 31 mai et entre le 1er août et le 31 octobre, la mise en drapeau des pâles intervient aussi du coucher au lever du soleil quand la vitesse de vent est inférieure à 8 m/sec (mesurée à hauteur de nacelle) et la température de l’air supérieure à 4°C (ou 6°C dans les plaines) lorsqu’il ne pleut pas pour les espèces Nyctalus leisleri, Nyctalus noctula, Pipistrellus nathusii, Vespertilio murinus. En appliquant ces seuils, la production électrique est théoriquement réduite de 2%[2]. En cas de présence d’une des espèces Natura 2000 suivantes : Barbastella barbastellus, Myotis dacycneme, Myotis myotis L’implantation d’un parc éolien est rédhibitoire et non compensable. (voir Annexe IX)
À noter que toutes les espèces de chauves-souris sont protégées au niveau régional en vertu de la Loi sur la Conservation de la Nature[3].
[1] Pdf disponible sur : https://www.eurobats.org/sites/default/files/documents/publications/publication_series/EUROBATS_No6_Frz_2014_WEB_A4.pdf
[2] Source : THIERRY KERVYN (Belgique)
[3] Décret 6/12/2001 : Annexe 2a : Toutes les espèces de chauves-souris en région wallonne sont mentionnées dans l'Annexe 2a du décret du 6 décembre 2001 modifiant la Loi du 12 juillet 1973 de la Conservation de la Nature qui indique (Article 2) que les espèces sont intégralement protégées (espèces strictement protégées en vertu de l'annexe IVa de la Directive 92/43/CEE et de l'annexe II de la Convention de Berne). Cette protection implique l'interdiction : 1° de capturer et de mettre à mort intentionnellement de spécimens de ces espèces dans la nature ; 2° de perturber intentionnellement ces espèces, notamment durant la période de reproduction, de dépendance, d'hibernation et de migration ; 3° de détruire ou de ramasser intentionnellement dans la nature ou de détenir des œufs de ces espèces ; 4° de détériorer ou de détruire les sites de reproduction, les aires de repos ou tout habitat naturel où vivent ces espèces à un des stades de leur cycle biologique ; 5° de naturaliser, de collectionner ou de vendre les spécimens qui seraient trouvés blessés, malades ou morts ; 6° de détenir, transporter, échanger, vendre ou acheter, offrir aux fins de vente ou d'échange, céder à titre gratuit les spécimens de ces espèces prélevés dans la nature, y compris les animaux naturalisés, à l'exception de ceux qui auraient été prélevés légalement avant la date d'entrée en vigueur de la présente disposition ainsi qu'à l'exception de celles de ces opérations qui sont constitutives d'une importation, d'une exportation ou d'un transit d'espèces animales non indigènes et de leurs dépouilles ; 7° d'exposer dans des lieux publics les spécimens.
Il existe un système développé à partir de la modélisation du comportement particulier des chauves-souris pour commander des arrêts machines lorsque surviennent des périodes de forte activité (module Chirotec[1]). Il s’agit d’un petit module, couplé à la turbine, qui mesure localement la température, l’humidité et la vitesse du vent, à tout moment de la journée et de l’année. En effet, les chauves-souris se déplacent d’avril à octobre, du crépuscule jusque tôt le matin, s’il n’y a pas de pluie ou de vent fort. Si le module repère des conditions favorables au déplacement de chauves-souris, il arrêtera automatiquement la rotation de l’éolienne afin de les laisser circuler en toute sécurité. Pour le développeur éolien, la mise en place de ce module d’atténuation des impacts représente une petite perte de production d’électricité : de l'ordre de 1 % par an. Mais on évite ainsi plus de 95% de contact avec les chauves-souris.
Un système dissuasif à base d’ultrasons a été développé par une société américaine ( NRG Systems). Son principe est simple : des haut-parleurs - installés sur la nacelle - émettent des ultrasons entre 20 et 50 kHz, inaudibles à l’oreille humaine mais perceptibles par la plupart des espèces de chiroptères. Cet écran sonore brouille les repères de géolocalisation des chauves-souris avec pour effet, un effarouchement qui provoque le départ vers d’autres lieux. Pour les développeurs éoliens, ce système dissuasif offre un avantage de taille : l’éolienne peut continuer à tourner et à produire, puisque la majorité des chauves-souris ne s’en approche plus.
[1] Pour en savoir plus : https://eolien-biodiversite.com/IMG/pdf/0505chirotechlpofp1.pdf
|
|
Technique |
Calendrier |
Localisation |
Modalités |
|
Si implantation > 200 m de lisière |
Recensements crépusculaires
|
Du 1er avril au 31 octobre En plaines agricoles ouvertes : 6 passages Dans les autres zones : 9-12 passages en fonction de l’importance biologique de la zone |
Dans un rayon de 500 m autour du projet Tous les 200 m le long de tous les éléments linéaires boisés et plans d’eau dans un rayon de 1 km |
Détecteurs d’ultrasons (avec enregistrement) Bonnes conditions météo Relevés au sol 5 minutes par point de relevé au sol |
|
Si implantation < 200 m de lisière |
Recensements crépusculaires et en continu |
Du 1er avril au 31 octobre En zone de lisière à haute valeur ajoutée : 12 passages De 9 à 12 passages suivant le type de lisière et leur exposition |
Entre les lisières et l’éolienne concernée |
Détecteurs d’ultrasons (avec enregistrement) Bonnes conditions météo 5 minutes par point de relevé En période migratoire des chauves-souris, des relevés à hauteur des pales pour minimum 1 éolienne pour tout parc ou extension d’au moins 6 éoliennes |