Les chiroptères (1)

Publié le par minique

Actuellement, les chauves-souris subissent des conditions défavorables à leur survie : une fécondité relativement faible, réduite à un seul jeune par couple et par an, des dérangements ou la destruction de leurs gîtes de reproduction et/ou d’hibernation, un déclin des populations d’insectes-proies, une mortalité due à la circulation, la dégradation de leurs habitats de chasse suite à la pollution lumineuse, à l’intensification agricole et aux nuisances sonores, la pollution des eaux de surface, etc.

Un nouveau facteur de mortalité, tel l’implantation d’un parc éolien, n’est donc pas facile à compenser. Plus grave, l’énergie éolienne semble constituer la plus grande source de mortalité chez les chiroptères (O’Shea et al. 2016)[1]. En Allemagne plus de 300 000 morts de chauves-souris par an sont estimées dues aux éoliennes (Voigt et al. 2012 ; Lehnert et al. 2014[2]).

 

[1] O’Shea, T.J., Cryan, P.M., Hayman, D.T.S., Plowright, R.K. & Streicker, D.G. (2016) Multiple mortality events in bats: A global review. Mammal Review, 46, 175–190.

[2] Lehnert, L.S., Kramer-Schadt, S., Schönborn, S., Lindecke, O., Niermann, I. & Voigt, C.C. (2014) Wind farm facilities in Germany kill noctule bats from near and far. PLoS ONE, 9.

Impacts sur les chauves-souris

 

La densité des chiroptères est faible (quelques individus au km2). Malgré cela on trouve parfois un nombre élevé de chauves-souris au pied des éoliennes. Pourquoi ? Les chiroptères se retrouvent régulièrement à proximité des éoliennes pour la recherche de nourriture (car les insectes sont attirés par les éclairages et par le dégagement de chaleur au niveau de la nacelle et les papillons de nuit migrant en altitude sont présents à cet endroit), pour la recherche d’un gîte (les espèces les plus touchées seraient les espèces migratrices pour qui l’éolienne pourrait apparaître comme un « super-arbre » afin d’y passer la journée) et pour la recherche d’un partenaire. De nouvelles pistes de réflexion commencent à émerger, comme par exemple la différenciation sexuelle dans l’impact. Une étude récente ayant suivi par GPS des mâles et femelles de noctule commune a pu mettre en évidence deux phénomènes différents : les éoliennes semblent provoquer une répulsion des mâles, qui prendraient visiblement le temps durant leur période d’activité de contourner les parcs éoliens à l’inverse des femelles, probablement en raison des contraintes énergétique liées à la lactation durant cette période de l’année, augmentant ainsi le risque de collision (Roeleke et al. 2016[1]).

La mortalité des chauves-souris résidentes survient généralement d’avril à octobre tandis que la mortalité des chauves-souris migratrices apparaît essentiellement à la migration d’automne, de fin juillet à début octobre, par vent faible, période regroupant 90% des événements de mortalité, et également dans une moindre mesure d’avril à juin ; l’augmentation de la taille des pâles étant un facteur aggravant (Barclay et al. 2007 ; Baerwald et al. 2009 ; Rydell et al. 2010 ; Baerwald & Barclay 2011[2]).

Les causes de mortalité au niveau des parcs éoliens sont dues aux impacts directs sur les pâles et aux différences de pression atmosphérique au niveau de ces pâles. Les collisions semblent être peu fréquentes. Elles font suite aux difficultés de détection des pâles en mouvement (la vitesse de la pâle à son extrémité peut atteindre 300 à 350 km/h). A noter que lors de la migration, les chiroptères n’utiliseraient pas leur système d’écholocalisation (Keeley et al. 2001) dans le but d’économiser leur énergie. De plus, les turbines en mouvement génèrent un léger champ électromagnétique auquel certaines espèces de chauves-souris sont sensibles. Celles-ci seraient déroutées et se rapprocheraient des pâles par accident. D’un autre côté, les pâles créent un vortex de dépression atmosphérique qui peut aspirer les chauves-souris qui, prises dans la turbulence entrent en collision avec les pâles. Ces turbulences induites par le mouvement des pâles sont imperceptibles à l’œil nu (sauf quand l’air est saturé d’humidité). Les variations de pression atmosphérique occasionnent des barotraumatismes avec des hémorragies et des dommages internes importants entraînant la mort suite à une décompression rapide. Ceci est la cause principale de la mortalité des chiroptères à proximité des éoliennes.

Cette mortalité est également influencée par les caractéristiques intrinsèques de l’espèce présente (comportements, hauteurs de vol, etc.).

La mortalité des chiroptères induites par les éoliennes touche une grande variété d’espèces mais trois espèces subissent une mortalité accrue : la noctule commune, la noctule de Leisler et la pipistrelle de Nathusius. Pourquoi ? Ces espèces ont la particularité d’effectuer des migrations sur de longues distances (+/- 1000 km) au printemps et à l’automne, même en conditions météorologiques difficiles. Elles effectuent leurs déplacements par un vol très rapide et sont actives dans des biotopes dont l’encombrement est faible.

 

[1] Roeleke, M., Blohm, T., Kramer-Schadt, S., Yovel, Y. & Voigt, C.C. (2016) Habitat use of bats in relation to wind turbines revealed by GPS tracking. Scientific Reports, 6, 1–9.

[2] Baerwald, E.F. & Barclay, R.M.R. (2011) Patterns of activity and fatality of migratory bats at a wind energy facility in Alberta, Canada. Journal of Wildlife Management, 75, 1103–1114.

Publié dans Milieu biologique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article